Des funérailles autrement : pourquoi des célébrations sans connotation religieuse ?
« Quoi, tu vas t’occuper des morts ?! ». Je l’ai entendue plus d’une fois cette exclamation. La Mort dérange. C’est bien souvent un sujet tabou, une chose dont on ne parle pas, que l’on préfère occulter, comme si le simple fait de feindre de l’ignorer pouvait suffire à la tenir éloignée et à éviter l’inéluctable. Comme si se soustraire à l’inévitable était une option !
En y réfléchissant, je me suis rendu compte que si j'allais effectivement être amenée à côtoyer la Mort et ceux qui viennent de s’en aller, j’accompagnerais avant tout ceux qui restent, ceux qui doivent repenser une vie sans la personne qui s’est envolée, ceux que la Mort est venue visiter de manière indirecte, leur rappelant au passage qu’un jour prochain, c’est eux qu’elle viendra prendre par la main, au moment qu’elle seule jugera opportun.
La Mort nous rend humble et a ceci de fascinant que face à elle, nous sommes tous égaux, loin de nous diviser, elle nous rassemble. Riche ou pauvre, saint ou mécréant, croyant, païen, agnostique, animiste ou athée, personne n’y échappe. Sans elle, la Vie revêtirait-elle un caractère aussi sacré, aussi précieux ? la Vie ne serait-elle pas si précieuse justement parce que, à un moment donné – et pour la plupart d’entre nous fort heureusement inconnu – elle se termine ?
Nous vivons une période charnière de notre Histoire. Aujourd'hui plus que jamais, l'Homme est en quête d'essentiel. Il éprouve le besoin de renouer avec sa nature profonde et de redonner sa place fondamentale aux rituels et rites de passage. Le fait que toujours plus de personnes désertent les églises nous laisse à penser que, peut-être, elles ne trouvent plus de sens ni de réconfort dans un dogme qui peine à se mettre à leur diapason et à répondre à leurs besoins, réflexions et autres questionnements. Cela ne signifie cependant pas qu’elles ont abandonné leur quête de sens ou qu'elles ne sont pas ouvertes à la spiritualité ou sensibles à la dimension sacrée de la Vie. Bien au contraire. A mes yeux, ces personnes ont besoin d’être accompagnées dans les moments de grandes transitions qu’elles traversent, tout comme elles méritent d’être respectées et soutenues selon leurs croyances, quelles qu’elles soient.
Et puis, j’aime les gens. J'aime écouter les gens. J’aime leurs mots, leurs histoires. Leur histoire. Leurs silences aussi, qui en disent tout autant et parfois même presque plus. Au fil de mes rencontres, j’ai pris conscience qu’il n’y a pas de petits destins. Chaque destin est exceptionnel car chaque être humain est unique et apporte, à sa manière, sa contribution et sa pierre à l'édifice magique et improbable de l'Humanité. A mes yeux, chaque destin mérite d’être narré et honoré.